Un écrin ligérien classé parmi les plus beaux villages de France

Depuis la falaise qui surplombe Candes-Saint-Martin, la vue s’ouvre grand sur la vaste vallée ligérienne, là où la Loire et la Vienne mêlent leurs eaux en un ballet silencieux. Ce village, dont le nom chante le terroir, figure fièrement parmi les « Plus Beaux Villages de France » depuis 1982 (Association Les Plus Beaux Villages de France). Sa renommée ne doit rien au hasard : bâtisses de tuffeau blond, ruelles fleuries, paysages grandioses et patrimoine religieux s’entrelacent avec harmonie.

Candes-Saint-Martin compte à peine 200 habitants à l’année, mais conserve une vitalité que lui envie bien des cités. Si l’on flâne dans ses ruelles, on est vite happé par les jardins secrets, les points de vue escarpés, les maisons troglodytes cachées sous la roche calcaire. Ici, la pierre raconte l’histoire millénaire du lieu, des Gaulois aux navigateurs de la Loire.

La collégiale Saint-Martin : joyau gothique et lieu de pèlerinage

Impossible de parler de Candes-Saint-Martin sans évoquer sa splendide collégiale. Construite entre le XII et le XIII siècle là même où s’éteignit l’évêque Saint Martin en 397, elle marque le site du premier monastère dédié au saint, l’un des plus vénérés de l’Occident médiéval (Ministère de la Culture).

  • Un édifice posé au confluent des fleuves : la collégiale surplombe tout le village et offre une façade ciselée, composant un subtil dialogue entre roman et gothique angevin.
  • Des sculptures remarquables : on y découvre des chapiteaux historiés, des claveaux peints à l’intention des pèlerins venus de toute l’Europe, et une statuaire évoquant la vie du saint.
  • Un haut-lieu de pèlerinage : chaque année, nombre de pèlerins marchent encore « sur les pas de Saint Martin », figure majeure du christianisme occidental, évêque de Tours et fondateur du premier monastère de Gaule.

Ce monument, classé Monument Historique dès 1840, subit plusieurs campagnes de restauration – parmi les premiers chantiers du genre en France, preuve de son importance. La crypte et la nef ont conservé leur austérité monacale, tandis que les vitraux colorent la lumière, offrant au visiteur une expérience spirituelle rare.

Le village : entre histoire vivante et art de vivre ligérien

Des ruelles fleuries et des maisons troglodytes

Se perdre volontairement dans les venelles pavées, c’est un plaisir qui ne lasse jamais. Le tuffeau blond, omniprésent, donne aux façades une chaleur lumineuse, adoucie par les glycines, roses trémières et figuiers qui escaladent murs et portails.

Au détour d’une impasse, on découvre une particularité unique au village : plusieurs habitations sont creusées directement dans la roche, véritables maisons troglodytes, témoignant d’une adaptation ingénieuse à la géologie du Saumurois (Patrimoine Mondial UNESCO – Val de Loire).

La confluence vue d’en haut

  • Un incontournable : l’ascension jusqu’au “Panorama de la Confluence”, accessible par un sentier à travers vignes et coteaux. Du promontoire, le spectacle est unique : Loire argentée et Vienne sinueuse s’épousent, encadrées de peupliers et de bancs de sable qui changent de forme au fil des saisons.
  • Point de repère des mariniers d’autrefois, ce point culminant servait jadis de vigie lors des grandes crues : la Loire atteignit ici 7,36 mètres en 1856, lors de l’une des plus violentes crues du siècle (Sources DREAL Pays de la Loire).

Le port ancien et les gabares

En contrebas du village bat le cœur ligérien : les quais du “port” où accostaient jadis gabares et toues cabanées, ces bateaux à fond plat typiques de la Loire. Jusqu’au XIX siècle, Candes fut un port actif, pivot du commerce local (vin, bois, sel) vers Nantes et Orléans. Aujourd’hui, on peut embarquer à la belle saison pour une balade sur une toue traditionnelle, entre îles sauvages et crépuscules dorés (Loire Vins et Tourisme).

Patrimoine et légendes : ce que murmurent les pierres

Sur les traces de Saint Martin, patron des voyageurs

Derrière la collégiale subsiste la mystérieuse “Fontaine Saint-Martin”. Converti au christianisme, le site est longtemps resté un sanctuaire druidique avant de devenir un haut-lieu du culte du saint. L’eau y était censée guérir les fièvres (Archives départementales d’Indre-et-Loire).

La légende veut aussi que Saint Martin ait fait jaillir de l’eau miraculeuse en frappant la pierre de son bâton : d’où la présence de nombreuses sources autour du village, aujourd’hui promenoirs ombragés où viennent se reposer hérons et martin-pêcheurs.

Des châteaux cachés et demeures seigneuriales

Sur la “colline des Tours”, à l’est du village, trône l’incroyable Château de Candes. Propriété privée, il domine le confluent et fut maintes fois assiégé pendant la guerre de Cent Ans. Ses tourelles et jardins se visitent à certaines périodes (renseignements en mairie). Plusieurs « gentilhommières » et manoirs datent des XVI et XVII siècles, témoignages d’une bourgeoisie viticole prospère au temps où la batellerie ligérienne faisait la fortune du bourg.

Un village d’art, de musique et de rencontres

Depuis les années 1980, Candes-Saint-Martin attire artistes et artisans. Nombre de galeries d’art, ateliers de céramiques et de sculpture s’ouvrent chaque été aux curieux. Le village accueille aussi chaque année le festival « Confluence » : concerts classiques, musique du monde, projections et balades contées animent la saison estivale (Office de Tourisme Chinon Vienne & Loire).

Gastronomie, vin et plaisirs de bouche

Le chenin, roi des coteaux

Impossible d’ignorer en arpentant les hauts de Candes ces rangées de ceps, parfaitement alignées sur les coteaux ensoleillés. Ici, le chenin blanc règne en maître et donne naissance aux grands vins d’appellation Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Saumur-Champigny ou Chinon, selon la rive. Les conditions de culture en « terrasse » sur tuffeau confèrent au raisin une minéralité rare.

  • Le microclimat du confluent abrite près de 220 hectares de vignes sur la seule commune de Candes, selon le cadastre viticole 2022.
  • Si vous croisez la mention « Bonnezeaux » sur une étiquette, sachez qu’elle fait référence à un des plus prestigieux crus de chenin sur la Loire, issu d'une sélection de grains nobles, vendangés sur des pentes proches.

Les tables à ne pas manquer

Bien manger, c’est aussi découvrir des saveurs locales. À Candes, quelques tables de caractère permettent d’embrasser tout le terroir :

  • L’Auberge de la Route d’Or : cuisine du marché, poissons de Loire, vins locaux.
  • Le Café de la Loire : terrasse panoramique, tartines de rillettes, fromages affinés et glaces artisanales, une halte incontournable en saison.
  • Épiceries et marchés : n’hésitez pas à tenir l’oreille lors de votre passage : le poissonnier ambulant propose sandres ou brochets à la saison, et les producteurs locaux proposent des fruits rouges, des asperges et du miel toutes fleurs au fil des mois.

Balades, activités et découvertes sensorielles

À pied, à vélo ou sur le fleuve

  • Le circuit des Fontaines : une boucle de 4,5 km qui sillonne sources, jardins humides et ruelles escarpées, idéale pour les amateurs de botanique (plus de 40 espèces de plantes recensées par la LPO sur le secteur).
  • La Loire à Vélo : Candes est une étape emblématique de ce parcours européen long de 900 km, qui relie Nevers à l’Atlantique. Une halte parfaite pour se poser au bord de l’eau ou pique-niquer sur une des plages de galets créés par les basses eaux estivales (La Loire à Vélo).
  • Sorties en canoë ou bateau traditionnel : Plusieurs prestataires proposent, dès avril, des balades sur la Vienne et la Loire ; parfait pour observer la faune ligérienne (martins-pêcheurs, sternes, castors).

Un patrimoine naturel exceptionnel

Le confluent est classé zone Natura 2000 pour la richesse de sa biodiversité. Près de 160 espèces d’oiseaux sont régulièrement observées, dont la sterne pierregarin, emblème des îles de Loire. La nuit tombée, couleuvres et chauves-souris partent en chasse, tandis qu’au printemps retentit le cri surprenant du courlis cendré.

Mais Candes-Saint-Martin ne se résume pas à ses pierres historiques : c’est un lieu de sensations. Après la visite, s’installer en terrasse, observer la lumière du soir glissant sur la Loire, entendre vibrer la cloche de la collégiale… Voilà l’expérience ligérienne à son apogée.

Perspectives : redécouvrir Candes à chaque saison

Candes-Saint-Martin, c’est le privilège de pouvoir se réinventer à chaque lumière, à chaque saison. L’hiver, le brouillard ourle la confluence d’un voile mystérieux. Aux premiers beaux jours, les vergers en fleurs habillent les coteaux d’une blancheur joyeuse. L’été, le village vibre au rythme des fêtes ligériennes, tandis qu’à l’automne la vigne flamboie.

Endroit millénaire, village de rencontres et de passions, Candes-Saint-Martin offre bien plus qu’une simple visite : c’est un paysage à vivre, une parenthèse ligérienne pour qui aime s’éloigner des sentiers battus et goûter l’intense douceur du temps qui passe au bord de l’eau.

Sources : Association Les Plus Beaux Villages de France, Ministère de la Culture, UNESCO Val de Loire, DREAL Pays de la Loire, Archives départementales d’Indre-et-Loire, Office de Tourisme Chinon Vienne & Loire, Loire à Vélo, Cadastre viticole 2022.